Professionnel de l’informatique et de l’infogérance en Loir-et-Cher, Pascal RATIE, fondateur de SSIPRES, a vu son métier évoluer. Face aux menaces croissantes de cyberattaques, il constate souvent des lacunes sécuritaires dans les entreprises qu’il rencontre. Et compte aussi, grâce à son entreprise, favoriser la formation et l’emploi des jeunes talents.
À Neung-sur Beuvron, la zone d’activité de l’Ecoparc est quelque peu atypique. Au bout d’une allée goudronnée coupant un parc ombragé, le visiteur est accueilli par le Château de Villemorant.
L’ancienne demeure du XIXème et domaine de l’empereur centrafricain Bokassa sont aujourd’hui transformés en pépinière d’entreprises. Et accueillent également le siège de la Communauté de Communes de la Sologne des Étangs. 24 entreprises peuplent l’endroit, dont SSIPRES, expert en solutions et services informatiques.
Dans une bâtisse lovée en arrière du château, Pascal RATIE nous accueille chaleureusement. À l’origine titulaire d’un BTS électrotechnique, le chef d’entreprise a compris ensuite qu’il était plutôt destiné à évoluer dans le secteur de l’informatique. À la fin des années 90, il a l’occasion d’intégrer un centre de formation pour adultes, puis de suivre une formation d’informatique en alternance. Ensuite en charge pendant 15 ans de l’administration des réseaux en entreprise, il a ainsi pu se confronter aux évolutions technologiques.
Il quitte alors en 2017 le monde salarié pour créer SSIPPRES. Aujourd’hui, devant une tasse de café chaud, l’entrepreneur se livre sur son entreprise et sur l’accomplissement personnel et professionnel qu’il y a trouvé.
L’entrée de l’Ecoparc avec en arrière le Château de Villemorant.
Vous pouvez nous présenter SSIPRES ?
Pascal RATIE : En créant SSIPRES, je me suis appuyé sur les champs de compétences développés tout au long de mon activité précédente en tant que chef de projet/administrateur réseau, salarié d’une structure médico-sociale. 98% de mon chiffre d’affaires se fait en BtoB. Néanmoins, si j’ai choisi de m’installer en Sologne, c’est aussi pour accompagner les particuliers qui n’ont pas forcément les compétences sur le secteur.
La gestion et le suivi de toute l’infrastructure des entreprises représentent mon cœur de métier. Pour ce faire, mes prestations sont formalisées par un contrat d’infogérance coconstruit avec le client. Elles s’articulent autour de la sécurité, de la gestion de serveurs physiques ou virtuels, des solutions de sauvegarde, de la vente de matériels ou de logiciels, de l’accompagnement des utilisateurs. Je propose d’ailleurs aux décideurs des mises en situations concrètes, sous forme de scenarii et d’exercices, afin de permettre aux équipes de mettre en œuvre les process en cas de cyberattaque, élaborés avec la cellule de crise lorsqu’elle existe. Ceci dans le but de coordonner les équipes pour répondre à une situation de difficultés face à ces nouveaux dangers.
Pour certaines structures, j’interviens en qualité de RSSI (NDLR : responsable sécurité des systèmes d’informations). À ce titre, je me vois confier l’élaboration d’un Plan de Continuité d’Activité (PCA) et Plan de Reprise d’Activité (PRA). Dans ce cadre, les solutions spécifiques de nos systèmes de sauvegarde proposées aux clients nous permettent, après un arrêt de service immobilisant par exemple les principaux serveurs ou en cas de cyberattaque, de redémarrer dans les plus brefs délais. Et en virtualisant le point de sauvegarde sain le plus récent.
Comment est née votre entreprise ?
J’ai pris ma décision en avril 2017, encouragé dans ce projet par mon entourage personnel et professionnel. J’ai donc suivi une formation à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Loiret pour devenir entrepreneur. J’ai opté pour le programme « 5 jours pour entreprendre », ce qui m’a donné l’occasion de rencontrer les professionnels incontournables à la création et la gestion d’une entreprise. En octobre 2017, j’ai quitté l’établissement au sein duquel je travaillais depuis 21 ans, et en novembre, je créais SSIPRES.
Pleinement convaincu du rôle à jouer par les entreprises dans la professionnalisation des jeunes, j’accueille régulièrement des étudiants, en stage ou en formation. D’ailleurs, actuellement, Jordan a rejoint l’équipe par le biais d’un contrat d’apprentissage. Il vise un titre de Bachelor Administrateur Systèmes et Réseaux. À l’issue, j’aurai le plaisir de lui proposer un CDI.
Si assurer un tutorat auprès des jeunes prend du temps et nécessite beaucoup d’organisation et d’énergie pour assurer de front le quotidien auprès de ses clients, c’est également une source de satisfaction et d’enrichissement mutuel. Jordan est devenu un vrai collaborateur, on travaille en équipe, c’est un bon moteur. Chacun est un acteur de l’entreprise et permet de faire progresser et d’améliorer les services proposés. Être entrepreneur, c’est beaucoup de travail, on peut parfois traverser des périodes de doute, mais c’est aussi de l’excitation. La juste réussite, c’est la satisfaction de mes clients et l’épanouissement de mon équipe.
Mais pourquoi avoir choisi le nom de SSIPRES ?
SSI pour Sécurité des Systèmes d’Informatiques. Et PRES pour l’allusion au service de proximité : « Si près de vous ». Car là où nous sommes basés, il n’y a pas d’autre prestataire. Nous sommes un point central entre les villes de Blois, Orléans et Bourges, et à 2h de la région parisienne. Donc SSIPRES de vous.
Au fil de ces dernières années, qu’est-ce qui a changé en matière de cybersécurité ?
Il y a 10 ou 15 ans, il n’y avait pas autant de problèmes. Avant, c’était davantage le chargement de petits programmes qui pouvaient faire dysfonctionner certaines machines. Il n’y avait pas vraiment d’intention de nuire ou de détruire. Aujourd’hui, on assiste à des détournements de données, ou à la mise en incapacité de fonctionner pour une entreprise. Pour redémarrer et/ou récupérer ses données, le paiement d’une rançon est souvent demandé.
De plus en plus, les sociétés qui disposent de données sensibles, ou très dépendantes du bon fonctionnement de leurs systèmes informatisés, ont su mettre les moyens afin de se protéger. Et elles sont conscientes de la veille à assurer en termes de sécurité. Les actes malveillants ciblent aujourd’hui leurs sous-traitants, fréquemment plus vulnérables.
Ces attaques ne touchent donc pas que les grandes entreprises ?
Non, tous les professionnels sont concernés.
Mais alors comment prévenir et résoudre ces nouvelles menaces ?
J’ai plus de 20 ans d’expérience dans l’informatique. Ces années m’ont permis d’établir des protocoles de sécurité standards fiables. Je préconise un schéma de dispositifs de sécurité à partir de solutions éprouvées.
Aujourd’hui, parfois quand vous auditez des entreprises, certaines n’ont aucune protection, même pas un antivirus ?
Je vois encore des structures qui n’ont pas de pare-feu, pas d’antivirus aux fonctionnalités avancées, des parcs machines dotés de systèmes d’exploitation obsolètes, de mises à jour qui ne sont pas faites, et bien souvent tout ou partie des données sans systèmes de sauvegardes. Un virus de cryptologie suffit à faire perdre toutes leurs données et dans ce cas, quid de l’efficience du système de sauvegarde.
Bientôt, pour les sous-traitants de la défense et de l’aéronautique, un socle cybersécurité, la directive NIS 2*, sera exigé par les donneurs d’ordre.
Les entreprises de mon secteur vont devoir se faire certifier. Même si on a les compétences, ce sera compliqué, car cela va demander du temps, de la trésorerie et des moyens humains. Cette nouvelle règlementation va peut-être inévitablement amener certains prestataires à faire évoluer leurs pratiques pour accompagner ce type d’entreprise.
Pourquoi choisir SSIPRES ?
Parce que je pars du postulat que je fais partie intégrante de l’entreprise que j’accompagne. Cette imprégnation me permet d’apporter mes conseils au plus près des besoins. Je fais régulièrement un point avec mes clients pour faire évoluer leur infrastructure informatique. Et suivant l’activité de l’entreprise, je préconise les dispositifs adaptés. Parce que, dans le cadre d’une relation infogérée, je réalise un audit de premier niveau gratuit de l’infrastructure informatique du client. Qui plus est, en travaillant avec SSIPRES, vous aidez aussi à former et à embaucher des jeunes de la région.
Quel est votre meilleur souvenir d’entrepreneur ?
Ce sont les rencontres ! Je recroise des chefs d’entreprises que j’ai connu sur les bancs de l’école. 40 ans plus tard, on travaille ensemble. Des amis d’enfance à Salbris sont devenus des clients.
Vous êtes membre du GIR, qu’est-ce que le groupement d’entreprises vous apporte ?
J’avais déjà été approché par d’autres groupements d’entreprises, mais je n’y avais pas trouvé mon compte : le dynamisme et les temps d’échanges ne me paraissaient pas en adéquation avec la vision que j’ai du monde entrepreneurial. Au GIR, j’ai été agréablement surpris, lors de mes premières réunions, d’avoir des relations saines, franches et faciles avec les autres adhérents, notamment des donneurs d’ordre. Je me suis senti tout de suite considéré alors que je suis une petite entreprise. On m’a donné la parole. En outre, les thèmes abordés lors des événements sont très intéressants et pluriels. J’ajoute que les réunions ne sont pas toujours au même endroit, ce qui permet de rencontrer d’autres personnes et de découvrir des lieux et des entreprises différents.
J’ai déjà plusieurs clients ou futurs clients au GIR, merci à eux pour leur confiance…
Les autres adhérents du GIR peuvent me contacter, pas forcément pour faire du business. Simplement pour que l’on apprenne déjà à se connaitre. La proximité et le partage sont des choses importantes. C’est dommage de passer à côté de quelque chose alors que nous sommes les uns à côté des autres.
Donc, je dis aux autres membres du GIR : « Rencontrons-nous ! ».
* Le 10 novembre 2022, les députés européens ont voté la directive NIS 2. Cette dernière vise à harmoniser et à renforcer la cybersécurité du marché européen. De fait, de nombreuses entreprises et administrations françaises seront soumises à cette nouvelle règlementation. NIS 2 rentrera en vigueur en France au deuxième semestre 2024 au plus tard. Certaines exigences seront d’application directe et d’autres devraient être soumises à un délai de mise en conformité.
Pascal RATIE, à gauche, accompagné par son collaborateur Jordan.
L’entreprise s’est installée dans une maison de briques rouges derrière le Château.
SSIPRES
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