Dans cet entretien accordé au GIR, Francine COULLET, fondatrice de FRANCE SURVOL, revient sur son entreprise et sur les profils et les motivations de ses élèves. Mais aussi sur son désir de transmettre d’ici 2024 son centre de formation de télépilotage et de prestations de drones.
C’est ici, en pleine Sologne, au Domaine du Glandier, que Francine COULLET a fini par poser ses bagages. Après une carrière bien remplie, cette sexagénaire, ancienne de chez AIR FRANCE, a atterri avec son mari dans ce parc de 12 hectares de bois et de prairies. Car avant de se mettre au vert, elle a parcouru la planète, tombée dans la marmite de l’aviation dès son jeune âge. Brevetée pilote de planeur à 15 ans, puis plus jeune pilote de France avion à l’âge de 16 ans, Francine est brevetée pilote professionnelle à 20 ans.
Elle devient commandant de bord sur des lignes internationales à 26 ans, chez Air Littoral, puis pour la compagnie Air Inter. Elle vole ensuite sur A320 pour Air France, puis en 2006 sur Boeing 777. Après 15 000 heures de vol, elle finit par quitter la piste. Pour piloter d’autres appareils, plus petits et sans passagers : les drones.
Seulement, piloter correctement et en sécurité un drone ne s’improvise pas. Surtout quand une réglementation est en place.
Dois-je déclarer ma zone de vol avant de piloter ? Qu’en est-il du respect de la vie privée du voisinage ? Et puis-je guider mon appareil volant sur la voie publique ?
En 2017, Francine crée donc FRANCE SURVOL, afin de permettre aux pilotes amateurs et professionnels de répondre à leurs interrogations. Et aider bien sûr ces derniers à piloter avec aisance leurs drones.
Depuis 5 ans France SURVOL a bien grandi. Francine s’appuie aujourd’hui sur une équipe de 5 collaborateurs et enchaîne les prestations. Au rez-de-chaussée d’une des bâtisses du Glandier, une grande salle de formation accueille les élèves. La pièce est jalonnée d’aéronefs de toutes tailles, mais aussi de peintures personnelles, l’autre passion de notre hôte.
Après nous avoir appris quelques bases et initié au pilotage pendant deux heures, Francine a donc accepté de revenir sur sa passion et sa nouvelle vie professionnelle.
Parlez-nous de FRANCE SURVOL.
Francine COULLET : FRANCE SURVOL est un centre de formation de télépilotage de drones et de prestations utilisant le drone. FRANCE SURVOL se trouve sur le domaine du Glandier, site qui est surplombé par un espace aérien. C’est important car nous proposons des activités aéronautiques, avec des règles, des prescriptions et des conseils liés à l’utilisation d’un aéronef non habité. J’ai choisi cette reconversion, car à la base, je totalise 15 000 heures de vol dans un aéronef habité. Et maintenant l’heure est à la transmission des connaissances, au service de la sécurité des vols. Le nom de SURVOL, c’est pour ces notions de sûreté et de sécurité. Et FRANCE, c’est pour le cocorico !
Qui sont vos clients ?
Ce sont des salariés qui utilisent leurs comptes formation pour se servir d’un drone dans le cadre de leur métier. Nous formons des couvreurs, des photographes, des agents immobiliers, des professionnels du traitement ou du démoussage de structures. Les autres stagiaires viennent à titre privé. Ce sont des particuliers qui ne souhaitent pas enfreindre la réglementation aérienne. Ils ont ainsi pris conscience des risques liés à l’usage en ville d’un drone. Car un aéronef peut être préjudiciable à la sécurité des personnes et des tiers. Au pied du sapin de Noël, un drone a une durée de vie de 20 minutes. Parce que le bénéficiaire de l’appareil ne va pas mettre en pratique les préconisations du constructeur. Et très vite, cela peut tourner au drame. Rapidement, un drone peut partir dans tous les sens. Enfin, je propose pour mes clients et avec ces derniers, sur toute la France, des prestations pour des inspections intérieures de bâtiments logistiques ou industriels.
Tout le monde peut piloter un drone ?
La réglementation exige de garder le drone en vue. Il faut donc un minimum d’acuité visuelle. J’accueille des personnes en situation de handicap, avec un programme personnalisé. Mais tous les handicaps ne permettent pas le télépilotage. Néanmoins, j’ai eu des stagiaires de 7 à 91 ans. Une dame de 91 ans a ainsi pu guider et poser un drone sur mes recommandations. Cela lui a donné beaucoup de confiance en elle. Il n’y a pas de visite médicale à passer. Il faut simplement y aller prudemment et faire preuve de bon sens.
Pour financer ma formation, je peux donc utiliser mon Compte Personnel de Formation ?
Oui. Car il y a deux formations certifiantes éligibles au CPF chez FRANCE SURVOL. Pôle Emploi peut également financer certaines formations. Pour leurs salariés, les entreprises peuvent abonder leur compte CPF. Cela valorise les compétences de leurs collaborateurs. Et d’un point de vue image de marque et publicité, une entreprise va se démarquer de ses concurrents grâce à l’utilisation d’un drone.
Combien de temps de formation faut-il prévoir pour un(e) novice ?
Pour quelqu’un qui n’a jamais piloté et n’a aucune connaissance de la réglementation aérienne, il faut compter 35 heures de formation en présentielle. Plus 35 heures de formation théorique sur un site dédié. Il existe également une formation certifiante de 56 heures. A l’issue de cette dernière, vous recevez un certificat de télépilotage de drone civil. Le certificat de « télépilote professionnel » n’existe pas en tant que tel dans les licences aéronautiques. Mais le titre de « télépilotage professionnel de drone civil » est possible. La nuance est subtile….
Y a-t-il un élève qui vous a marqué depuis 2017 ?
Plusieurs ! Nous avons pu donner la possibilité à un jeune traumatisé crânien et à des personnes en situation de handicap de retrouver confiance en eux. Ils ont pu pratiquer le drone alors qu’ils pensaient ne pas pouvoir le faire. Avec l’aide de leurs accompagnants, cela a été une sorte de thérapie pour eux. Et pour moi, c’est très valorisant, car ce sont des liens, de la vie et du partage qui se créent.
FRANCE SURVOL va donc continuer à grandir ?
J’ai 61 ans, et dans un futur proche, d’ici un ou deux ans, je souhaite transmettre FRANCE SURVOL. Grâce à l’accompagnement du GIR Sologne Berry Touraine, je veux faire participer des jeunes et des moins jeunes en Sologne à la continuité de mon entreprise.